Au début de leur mariage
Au début de leur mariage, Henry s’inquiétait beaucoup des silences d’Harriet. S’ennuyait-elle à ses côtés ? L’aimait-elle vraiment ? Ou bien était-elle atteinte d’une forme très légère de mutité dont elle aurait oublié de lui parler ? Enfin – et c’était cela qui peinait le plus Henry – cette réserve n’allait-il pas les éloigner insensiblement l’un de l’autre ? Mais, au bout d’un an de vie commune, Henry apprit que, non seulement Harriet ne souffrait d’aucun ennui, mais au contraire, qu’elle pouvait se montrer très tendre et volubile, même si ces effusions – il est vrai – restaient trop accidentelles à son goût. A force d’observer les rythmes internes de sa femme, il se rendit compte que, si son corps appartenait bien au monde terrestre, son esprit lui, semblait pris dans les filets d’une autre sphère. Que se passait-il dans cette nébuleuse lointaine et mystérieuse ? A quelles injonctions Harriet se soumettait-elle ? Il n’en savait rien mais les éclipses galactiques de sa femme le mettaient franchement en rogne. Cependant la routine si douce des journées, les mille et une habitudes enfantées ensemble finirent par unir Henry et Harriet si profondément l’un à l’autre que la douloureuse déception du début finit par s’estomper. Mais ce fut le jour où Henry comprit qu’Harriet ne pouvait lui appartenir dans sa totalité, que les derniers liens de sa rancune tombèrent définitivement. Henry était et resterait pour toujours un incurable romantique. Si l’esprit d’Harriet était souvent ailleurs, le cœur de sa femme, lui, était bien resté, tout ce temps, au creux de ses mains, tel qu’elle le lui avait offert le premier jour.
Mercredi 20 mai 2020
C’est très beau et si vrai.
J’ai connu quelqu’un comme Harriet.
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Merci pour votre retour.
Henry et Harriet sont au coeur de ma vie. Toute vie est un roman 🙂
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